Pour plusieurs, un bon café, c’est un rituel. Pour la Brûlerie Virgin Hill Coffee de Lac-Brome, le café, c’est sa raison d’être, depuis 2005.

Texte par Étienne Gosselin

On se rendait à leur Atelier Café pour humer les arômes et savourer les mélanges soigneusement torréfiés dans le secteur Foster. Mais la première chose qu’ont fait Tara Moar et son conjoint Matthew Greer avec la pandémie, c’est d’éliminer tables et chaises de leur lieu pour faciliter la distanciation physique. Peu de temps après, ils ont carrément fermé leurs portes… pour ouvrir un service à l’auto!

Les crises poussent à l’innovation – et pas besoin de réinventer la roue. Virgin Hill a tout revu : mise en marché, promotion, modèle d’affaires. « Initialement, nous avons perdu 70 % de nos revenus, car une bonne partie de notre chiffre d’affaires impliquait les restaurants, les cafés et les hôtels, calcule Tara. Nous nous sommes donc assis pour délimiter les zones que nous contrôlions : l’Atelier, le site Internet, les épiceries. Nous nous sommes engagés à tirer le meilleur parti de ces canaux de vente. Aujourd’hui, notre chiffre d’affaires reste inférieur d’environ 40 % à celui de la pré-COVID. Nous avons dû se résoudre à mettre à pied trois personnes. »

L’entreprise est donc passée d’un modèle B2B à un commerce surtout B2C offrant des cafés de spécialité, décaféinés, espresso, bio, équitables ou aromatisés, le tout en plus petits formats. « Nous avons multiplié par 10 nos ventes en ligne, en vendant directement aux clients », explique Tara. Le site virginhillcoffee.com utilisait déjà, depuis cinq ans, la plateforme transactionnelle Shopify. C’est encore sur celle-ci que s’effectue la majorité des ventes, dont la livraison est gratuite pour les commandes de 49 $ et plus. L’entreprise s’est aussi inscrite au marché numérique Maturin (maturin.ca), à la Vitrine québécoise (francoislambert.one), à la plate-forme électronique des Cantons-de-l’Est (etownships.com) et aux sacs repas prêts-à-mitonner de La Bouchère (labouchere.ca). Le mot d’ordre : diversification.

Le site Facebook de Virgin Hill a aussi été mis à contribution avec des vidéos et des concours, les deux éléments qui cartonnent le plus sur les médias sociaux, selon Tara. Résultat : une augmentation de 10 % des abonnés au cours des deux derniers mois, sans payer pour les services de la multinationale californienne. Au contraire, Virgin Hill a investi dans l’économie locale en commanditant des segments matinaux de la radio coopérative M105 de Granby. La base de données de messagerie électronique de l’entreprise a aussi plus que doublé depuis la mi-mars. Quant au service à l’auto (ou à vélo!) qu’on a testé durant deux jours à la fin avril, il est si populaire qu’on veut le mousser davantage : après tout, l’entreprise n’est qu’à deux kilomètres de l’autoroute 10, sortie 90.

Que restera-t-il de Virgin Hill une fois passée la pandémie? « Rapprochement! », balance tout de go Tara Moar. « Nos employés ont été fantastiques pour s’adapter. Nous leur avons expliqué que nous essaierions de tout faire pour en garder le plus possible, mais que cela signifierait qu’ils devraient changer leurs rôles. Ce fut un vrai moment de rapprochement pour nous tous. » Qui s’en étonnerait? Un bon café, quoi de mieux pour se réunir – physiquement ou virtuellement!