On y allait pour la chaleur du personnel, la fraîcheur de sa cuisine en format tapas, l’ambiance lounge. Ce n’est pas un virus microscopique qui a arrêté l’inventif Luc Viens, du Bistro Le 633. Il poursuit l’aventure – un Facebook Live à la fois!

Texte par Étienne Gosselin

Burger crevettes-homard, brochettes mexicano-hawaïenne, pétoncles grillés et sa sauce chocolat blanc et poivre rose…Fin mars, le restaurateur bromontois Luc Viens, après quelques jours de réflexion, est entré en « mode guerrier ». Dorénavant, il consacrerait ses samedis soirs à cuisiner avec ses clients, habitués et nouveaux, via Facebook. Tenu publiquement sur la plateforme du média social, l’événement virtuel attire curieux et cuisinomanes. « Sur une plateforme privée comme Zoom, je n’aurais pas pu rejoindre autant les gens. Les sessions publiques me servent aussi de promotion. »

Avant la grand-messe culinaire, les intéressés se procurent une boîte d’aliments, certains crus, d’autres apprêtés, directement au bistro du 633, rue Shefford ou à différents points de livraison à Brossard, Saint-Paul-d’Abbotsford ou Magog. Aliments en main, le plaisir commence à 6 h 33 PM et s’étire pendant des heures, au fil des quatre services accompagnés (ou pas) de vins sélectionnés. On cuisine, on mange, on picole, on rigole!

Résultat? Le premier samedi a attiré une trentaine de convives, 60 le deuxième, 100 le troisième et plus de 300 le samedi de la Fête des Mères. « On fait des plats à emporter, mais le take-out, ce n’est jamais parfait : trop froid, trop détrempé ou trop sec après le réchauffage. De plus, ce n’est pas le même contact humain avec les clients. Avec nos sessions virtuelles, on recrée le partage. Certaines personnes n’ont pas manqué un samedi depuis le début! », s’enthousiasme Luc Viens, qui prend plaisir à accueillir les réservations sur Messenger, par courriel ou par téléphone.

La solidarité envers la restauration, un des secteurs les plus durement touchés, est donc manifeste de la part des Bromontois et des excursionnistes qui visitaient Bromont les fins de semaine. Même s’il n’est qu’à 25 % de son chiffre d’affaires normal – son logiciel de comptabilité le lui rappelle tous les jours –, le bistro multiplie la solidarité en remettant une partie de la vente de ses kits de cuisine avec vin au Centre Marguerite-Dubois de Bromont (dépannage alimentaire et friperie). Jusqu’ici, 3400 $ ont été amassés!

Ce n’est pas d’hier que ce restaurateur hors norme innove : il sert une poutine de frites sans friture disposées en pyramide, il propose des tables logées dans un ancien conteneur maritime, il chauffe l’hiver des terrasses avec vue sur le mont Brome et il compose une carte de plus de 200 scotchs et whiskys, en incluant toujours des explications sur ce terroir avec visuel à l’appui… une carte de l’Écosse tatouée sur l’avant-bras!

Imaginatif, l’homme dessine le post-confinement, plaidant pour la piétonisation partielle ou totale de la rue Shefford durant l’été. « Qui sait si j’ouvrirai si on nous demande des plexiglass, une capacité maximale de 50 %, une stérilisation complète entre chaque client? », s’inquiète le restaurateur.

« J’ai le cerveau en ébullition, image le nouveau cinquantenaire. C’est comme si j’opérais une entreprise sans en avoir établi le plan d’affaires préalablement! Tout change très vite. J’ai pu garder deux employés à temps plein. On se bat pour demeurer en vie. »

Se battre à coup de bonnes bouffes conviviales, d’osso buco et son accompagnement de gremolata citronnée!

Pour commander : https://www.facebook.com/Bistro-LE-633-497792660269634/